Lorsqu’il s’agit de visualiser des données, l’art n’est pas la première chose qui vient à l’esprit. Nadieh Bremer a choisi une voie qui lui permet de combiner ces deux choses. Grâce à des visualisations esthétiques de données, elle illustre des faits et des chiffres plutôt ennuyeux par des représentations fascinantes mais claires.


Pourquoi la visualisation des données est-elle si importante?
Nadieh Bremer: Je pense que c’est parce que les humains sont vraiment des êtres visuels. Nous intégrons les choses visuellement. Quand on montre un tableau de chiffres à une personne, elle ne sait pas quoi en faire. Mais quand on lui montre le même type de données sous forme de graphique linéaire, elle voit aussitôt qui est le meilleur ou quelle est la tendance générale. Et aussi, on se rappelle beaucoup plus longtemps à quoi ressemblait le graphique. C’est comme une idée représentée par une image: elle nous en dit plus que des milliers de mots. Je pense que c’est pour cette raison que la visualisation des données est si importante dans ce monde où nous sommes entourés de beaucoup de données, et qu’elle nous permet d’améliorer la façon dont nous travaillons avec les données. Nous, les êtres humains, avons besoin de visualiser les données pour comprendre les modèles de formation et les histoires qu’elles nous racontent.

Présentation de Nadieh Bremer
Présentation de Nadieh Bremer

C’est vrai. Et pour ça, il faut utiliser le storytelling. On le rencontre surtout dans l’écriture. Comment l’utilisez-vous pour la visualisation de données?
Dans le domaine de la visualisation des données, le storytelling consiste généralement à organiser les choses par étapes. Ainsi, au lieu de montrer toutes les visualisations en même temps, on commence par exemple par planter le décor d’une certaine manière. On dit: voilà, nous avons cet ensemble de données, voici d’où il vient, et voici ce que je vais vous dire à ce sujet. Ensuite, on présente par exemple les axes. Que signifient les couleurs? On prend un exemple dans les données et on l’explique en détail. Comment faut-il voir ça? Qu’est-ce que ça signifie? Qu’est-ce que ça implique? Puis on dévoile toutes les autres données pour plonger progressivement les personnes dans l’histoire que l’on essaie de raconter. Voilà en gros à quoi ressemble le storytelling dans la visualisation des données.

Quel est le potentiel en matière de visualisation de données chez Swissgrid?
Je pense qu’ils ont déjà une longueur d’avance dans ce domaine, car ils ont des données assez récentes au bureau. Donc je suis très contente de ça. Mais dans la salle de commande, dont les murs regorgent de données, je suis convaincue qu’il est possible de mieux relier toutes ces visualisations différentes. Pour l’instant, ça ressemble à un grand nombre de diagrammes distincts. Mais en abordant les choses sous un autre angle, on pourrait représenter ces informations de manière plus liée avec une visualisation différente. Je dirais que 99% des entreprises peuvent améliorer leur visualisation des données aujourd’hui, car il s’agit là d’un tout nouveau domaine. Et on a toujours considéré ça comme quelque chose de secondaire. Quand on crée un document Excel, on peut aussi créer des visualisations de données. Ce n’est que récemment, ces dernières années, que les entreprises ont compris que la visualisation des données est une compétence, et qu’il faut des spécialistes si l’on veut la faire correctement.

Exemples de visualisation de données
Exemples de visualisation de données

Observez-vous des tendances dans ce domaine?
Je ne suis pas sûre qu’il y ait des tendances, mais il y a beaucoup d’apprentissage, parce que c’est tellement nouveau. Au début, il s’agissait presque exclusivement de graphiques linéaires et de diagrammes à barres. Mais nous comprenons maintenant que l’objectif du tableau de bord d’une entreprise, par exemple, est complètement différent de celui d’un magazine. Nous comprenons ce qui fonctionne le mieux pour tel ou tel public. Les règles à suivre diffèrent selon qu’il s’agit de créer une visualisation de données pour un journal ou pour un service marketing. Et je pense que nous sommes de mieux en mieux informés sur les types de visualisations de données qui fonctionnent dans ces différents domaines ou sur les raisons pour lesquelles ils ne fonctionnent pas ailleurs.

Que faites-vous pendant votre temps libre pour vivre votre passion pour la visualisation de données?
En fait, l’une des choses que j’ai faites l’année dernière est la Fab Academy, un cours de 20 semaines où j’ai appris à devenir une maker. J’ai donc travaillé avec des découpeuses laser, des scies et des imprimantes 3D pour fabriquer des objets physiques et des visualisations de données physiques, ce que j’espère pouvoir faire à l’avenir. Créer des objets d’art physiques à partir de données, travailler avec du bois, du carton et d’autres matériaux et faire des visualisations de données de cette façon-là. C’est aussi comme ça que j’essaie de faire de la visualisation de données, en me servant d’autres choses.

L’avez-vous déjà fait pour des clients?
Non, pas encore. L’art des données est difficile à vendre, et l’art des données physiques l’est d’autant plus.



Auteure

Giulia Ferraro

Étudiante salariée


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